Comment les NFTs ont révolutionné la manière de penser une démarche artistique ?

Découvrez comment les NFTs révolutionnent l'art numérique : blockchain créative, expériences phygitales, culture internet.

Dans l'ère numérique, les NFTs ont émergé comme une force disruptive, remodelant radicalement la manière dont nous percevons, créons et consommons l'art. Cette révolution artistique est bien plus qu'une simple évolution technologique ; elle incarne un changement profond dans la manière dont les artistes abordent leur démarche créative. Dans cet article, nous explorerons en profondeur comment les NFTs ont transformé la perception de l'art, en nous penchant sur trois aspects de cette révolution.

Utiliser la technologie blockchain comme terrain de jeux

Quelques mois avant le lancement d’Ethereum, qui a permis d’ouvrir la voix vers de nombreux cas d’usages de la blockchain, y compris les NFTs, une artiste s’est intéressée au sujet et à créer le premier NFT de l’histoire. Il s’agit de Sarah Meyohas, qui en étudiant Bitcoin y a trouvé un moyen de suivre la propriété d’une oeuvre, de pouvoir la fractionner entre plusieurs collectionneurs, et d’utiliser la blockchain en tant que medium, plutôt qu’uniquement pour transférer de la valeur. Cela nous remonte donc à 2015, bien avant l’emballement de 2021 autour des NFTs, où l’artiste décide de construire sa propre blockchain afin d’y créer sa propre crypto monnaie, permettant d’acheter ses oeuvres. Le projet s’appelle Bitchcoin et chaque token est associé à une oeuvre de son projet Speculations : une métaphore de la blockchain à travers des photographies de pétales de roses. En 2017 elle est allée plus loin dans son concept avec Cloud of Petals où elle a embauché 16 travailleurs pour trier des pétales de roses, et les transformer en ce qu’elle appelle un “algorithme humain”, un projet qui mériterait un article dédié.

Une photographie de la série "Speculations" de Sarah Meyohas

De plus, la traçabilité des NFTs peut permettre de créer une histoire à travers le parcours d’une oeuvre. Certains artistes vont plus loin en provoquant le burn de leurs œuvres digitales, c’est le cas dans la série “Smart burn contract” de Jonas Lund. Chaque NFT, détermine des conditions via un visuel qui affiche les termes du contrat. Ces termes ne sont dévoilés qu’après l’achat du NFT, et la personne ayant collecté la pièce se trouve forcée d’établir les termes du contrat, sans quoi le NFT sera détruit. La blockchain peut donc permettre d’inclure le spectateur dans le processus de création (ou dans ce cas de destruction) d’une œuvre, offrant une expérience inédite aux collectionneurs.

Un NFT de la série "Smart Burn Contract" de Jonas Lund

Expérience phygitale

Tandis que certains voient les NFT comme un moyen de digitaliser encore plus notre monde, et craignent que nous ne vivions qu’à travers des écrans, certains artistes vont à contre-sens et utilisent au contraire cette technologie pour créer des expériences phygitales. Les NFT sont un excellent moyen d’authentifier la propriété d’une chose, dont des oeuvres, et dans certains projets, ils peuvent permettent d’accéder à une expérience unique. Jeff Koons s’est accaparé de ce concept et a produit une série de NFT backé par une de ses sculptures iconiques. Sa plus-value ? Chacune des 125 sculptures sera envoyée sur la lune et y restera à tout jamais, un moyen de “détenir” une petite parcelle de l’astéroïde. On peut donc noter que les artistes s’amusent à associer leur fruit de leur travail, leurs oeuvres, à des expériences qu’ils leur sont impossibles de produire, ajoutant ainsi une autre dimension à leur art.

Les NFTs, le support parfait pour des œuvres teintées de culture meme et internet

Des artistes confirmés ont également pris la voie des nfts pour y accoler des références plus subtiles et travaillées de la culture internet. C’est le cas par exemple de Jill Magid avec sa série ”Out Game Flowers” qui compose des bouquets, non pas avec des fleurs des champs, mais avec des fleurs issues de jeux vidéos, tel que Zelda, Minecraft ou Mario Bross. C’est une balade à travers les différents univers des jeux vidéos, où l’artiste semble vouloir donner de la valeur à ces fleurs qui ne sont initialement qu’un simple décor. Avoir choisi le medium du NFT parait donc plus qu’adapté, afin de nous faire réfléchir sur les questions de droits de propriété, et de la valeur d’assets numériques. D’autres artistes choisissent la voie du pixel art, emblématique d’internet, en transposant leur œuvre dans ce style, comme c’est le cas de Takashi Murakami par exemple. Un parti pris artistique qui reprend l’élément de base de la création, tout en s’inscrivant dans l’évolution des outils de conception : sur une toile, on crée une oeuvre à l’aide de tâches de peinture. Dans l’espace numérique, on crée une oeuvre à l’aide de pixel.

Un NFT de la série "Out Game Flowers" de Jill Magid

Tout cela ne sont que quelques moyens dont les NFTs ont changé la manière pour les artistes de créer, et chaque artiste à lui-même sa propre perception de la révolution qu’offre ce nouveau médium. Des avantages qui relèvent plus de la technique, comme la simplicité de mise en vente, peuvent aussi permettre aux artistes de mieux gérer leur carrière et améliorer la stabilité de leur statut. Dans cet article, nous avons abordé le sujet de l’art plastique, mais on ne peut négliger l’impact des NFTs dans d’autres formes d’arts, tels que la musique. En effet, la tokenisation de musique peut venir apporter la solution à l’un des plus grands questionnements de cette industrie : la distribution des droits d’auteurs. Un bel avenir se profile pour les NFTs, et les artistes, et les acteurs de cette industrie, l’ont bien compris.

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