Dans le milieu artistique, le plagiat est souvent considéré comme un interdit absolu. Cependant, lorsque l'on se penche sur les œuvres générées par intelligence artificielle, de nouveaux paradigmes se créent, redéfinissant la notion de copie.
Picasso avait une vision différente du plagiat, affirmant que "les bons artistes copient, les grands artistes volent", une pensée reprise plus tard par l'artiste Banksy. De même, des artistes musicaux ne rechignent pas à utiliser des samples dans leurs compositions, et cette pratique est largement acceptée dans le monde de la musique.
Ces extraits musicaux qui sont repris pour créer une nouvelle production sont parfois très peu altérés, dans “Good (don’t die)” de Kanye West, on retrouve très explicitement l’œuvre “I feel good” de Donna Summer. Pourquoi alors ne pas adopter une perspective similaire pour les œuvres générées par IA ?
En effet, dans la création artistique, qu'elle soit le fruit de l'imagination humaine ou de l'algorithme d'une IA, il est impossible de nier l'importance de l'inspiration. Tout artiste puise son inspiration dans son environnement, qu'il s'agisse d'expériences vécues, d'autres œuvres d'art, ou même de données disponibles. Comme le soulignait le chimiste Antoine Lavoisier, "rien ne se crée, tout se transforme", c’est tout aussi correct en chimie qu’en art.
Dans ce sens, les œuvres générées par IA ne font que suivre cette logique en transformant les données qui leur sont fournies pour créer quelque chose de nouveau.
L’intelligence artificielle générative a su nous conquérir par son efficience, et l’aspect novateur qu’elle a apporté ces deux dernières années, nous détournant de certains de ses aspects problématiques.
Les œuvres générées par IA sont souvent perçues comme de simples copies, dénuées de toute créativité véritable. En effet, ces algorithmes ne possèdent pas la capacité de percevoir et d'imaginer de manière authentique comme le font les êtres humains. Ils se contentent d'assembler des éléments préexistants de leur jeu de données, dirigés par l’intitulé du prompt. Ainsi, c’est la qualité de la base de données, qui fait la qualité de l’œuvre finale générée.
Ce qui nous amène à penser que la notion de plagiat n’apparaîtrait plus comme radicale. On qualifierait un travail de copie, dépendant de la richesse du dataset. La génération d’après un dataset composé à 90% de travaux de Monet provoquerait un plagiat de ce dernier. Tandis que, si seulement une dizaine de ses peintures sont présentes dans la base de donnée, perdues parmi des dizaines de milliers d’autres informations, la notion de plagiat serait atténuée.
Néanmoins, l’art d’hier laisse donc son empreinte dans l’art de demain. C’est la faiblesse de l’IA, elle en devient une innovation, tournée vers l’avenir, incapable de fonctionner sans retourner puiser dans le passé.
En outre, le développement de l'IA générative soulève des questions éthiques et sociales. La réaction de Baudelaire face aux premières photographies illustre bien cette problématique : il condamnait leur contribution à "l'appauvrissement du génie artistique", soulignant la tendance de la technologie à "empiéter sur le domaine de l'impalpable et de l'imaginaire". De même, le recours à l'IA générative dans la création artistique pourrait être perçu comme une menace pour les métiers traditionnels, tels que les illustrateurs et les graphistes, dont le travail risque d'être marginalisé.
Face à ces deux perspectives, il devient évident que la question du plagiat dans les œuvres générées par IA ne peut être réduite à une simple dichotomie entre le bien et le mal. Au contraire, elle soulève des enjeux complexes qui appellent à une réflexion approfondie sur la nature de la créativité et de l'innovation dans un monde où l'IA joue un rôle de plus en plus prépondérant.
Plutôt que de condamner ou d'accepter aveuglément le plagiat dans les œuvres générées par IA, il est essentiel de promouvoir une approche équilibrée qui valorise à la fois l'acceptation de l’innovation et la persistance de la créativité humaine.
Vera Molnar, explorait dès 1966 les dessins algortihmique, il n’est pas question d’IA mais de formes générées d’après des calculs. L’enjeu était de découvrir ce que la machine est capable de produire. Est-ce que, dans la décennie qui arrive, les oeuvres produites à partir d’IA générative n’irait pas dans ce sens ? Est-ce que, plutôt que de vouloir s’acquitter du titre d’illustrateur, de musicien, de vidéaste, on ne chercherait pas plutôt le rôle d’explorateur ?
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